Partout dans le monde, les femmes ont plus de mal à trouver du travail que les hommes et c’est également vrai pour la Bretagne. Pourquoi les hommes sont-ils moins souvent au chômage que les femmes ? Quels sont les freins au retour à l’emploi des femmes ? Quelles actions peut-on mettre en place pour favoriser l’accès à l’emploi ?
Dans le cadre du projet Potenti’ELLES porté par Pôle emploi, des femmes en recherche d’emploi se présentent en vidéo. Découvrez leurs CV vidéo en fin d’article.

Quelle est la situation des femmes face à la recherche d’emploi ?

L’activité professionnelle des femmes a progressé depuis les années 1960, le développement de l’activité féminine a été plus tardif en Bretagne, mais le taux d’activité des femmes bretonnes est désormais comparable à celui de l’ensemble des Françaises (supérieur à 70 %).

  1. Nous sommes passés d’un modèle d’activité séquentielle (sortie du marché du travail avec le premier enfant et retour à l’activité après 40 ans) à un modèle d’accumulation où les femmes exercent à la fois des activités professionnelles et domestiques. En conséquence, le nombre de femmes salariées a fortement augmenté au cours des 30 dernières années. En Bretagne, le nombre de femmes salariées dans le secteur privé industriel et commercial a doublé (+106%), alors que le nombre de salariés masculins n’a augmenté que de 46% dans les années 2000. En conséquence, la part des femmes dans l’emploi salarié augmente depuis 30 ans, bien qu’à un rythme beaucoup plus modeste depuis le début des années 2000. La part des femmes représente 50% des salariés en 2022.
  1. Elles sont également moins nombreuses que les hommes (48,7 %) dans la population active. Or, fin 2007, en Bretagne, 56,4 % des demandeurs d’emploi des catégories 1, 2, 3, 6, 7 et 8 inscrits à Pôle emploi étaient des femmes. Bien que le taux de chômage soit en baisse depuis le T1 2022, les femmes représentent encore 54% des demandeurs d’emploi bretons.
  1. Par ailleurs, la baisse des demandeurs d’emploi observée ces dernières années a été plus favorable aux hommes. Après une forte baisse au début des années 2000, la part des femmes parmi les demandeurs d’emploi bretons est repartie à la hausse en 2021 (+2,3%). Enfin, les femmes sont plus vulnérables au chômage que les hommes, comme en témoigne l’écart persistant entre le taux de chômage des hommes et le taux de chômage des femmes.
  1. Si le constat vaut pour l’ensemble de la France, il était davantage marqué en Bretagne. Au fil des ans, la proportion de femmes bretonnes demandeuses d’emploi était supérieure de 3 points à la moyenne nationale en 2007. Fin 2021, en France, 48,5% des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi sont des femmes alors que ce chiffre est aujourd’hui supérieur en Bretagne (54%).

Cependant, l’environnement régional n’était pas défavorable aux femmes bretonnes. Sur le plan économique, la Bretagne a aujourd’hui rattrapé son retard. Depuis quelques années, l’économie bretonne s’est installée dans une dynamique de croissance créatrice d’emplois. Cela se traduit notamment par un taux de chômage parmi les plus bas de la métropole (5,8%). Néanmoins, ce qui différencie l’économie bretonne du reste de la France est la moindre importance du secteur tertiaire. Les secteurs agricole et industriel (notamment agro-alimentaire) sont encore très présents en Bretagne.

Qu’est-ce qui freine le retour à l’emploi des femmes ?

Il existe un effet amplificateur des difficultés de retour ou d’accès à l’emploi des femmes. En plus des freins structurels, la femme est souvent associée et enfermée dans un rôle de genre imposé par la communauté. Cette situation renforce le sentiment de rejet des femmes. Elles font face à un maillage de discriminations diverses : l’âge, la situation familiale, la qualification, l’activité réduite, le contrat recherché, le métier recherché, la perte de confiance en soi…

 

  • L’âge : 74% des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans se sentent discriminés. Cette stigmatisation à cause de l’âge est ressentie plus tôt par les femmes que par les hommes : dès 50 ans pour les femmes, contre 55 ans, voire 60 ans chez les hommes.

 

  • La situation familiale, la mobilité et la garde d’enfants : la contrainte familiale est plus forte pour les femmes demandeuses d’emploi que pour les hommes. Les femmes ont plus souvent une responsabilité parentale à concilier avec la vie professionnelle. Ceci s’explique notamment par la disparité des congés liés à l’enfant qui sont favorables aux femmes bien que les choses commencent à évoluer notamment avec l’allongement de la durée du congé paternité.

 

  • La qualification : plus de trois femmes sur quatre ont quitté un poste d’employée (qualifiées ou non). Les femmes sont davantage impactées par le déclassement (écart entre le diplôme obtenu et le poste occupé).
  • L’activité réduite : près de la moitié des femmes demandeuses d’emploi exercent une activité réduite. L’activité réduite consiste à réaliser une activité rémunérée tout en étant demandeur d’emploi. Ce dispositif a pour but de rendre attractive la reprise d’emploi, même à temps partiel, et ce en particulier pour les demandeurs d’emploi bénéficiant de l’ARE (allocation d’aide au retour à l’emploi).

 

  • Le contrat recherché : les femmes recherchent davantage un temps partiel. C’est le cas pour près de 35% des femmes et la recherche du temps partiel augmente avec l’âge.

 

  • Le métier recherché : On constate une hyper-concentration de la recherche d’emploi des femmes. Les trois catégories les plus demandées par les femmes représentent deux tiers des demandeuses d’emploi :
  1. Personnel des services aux personnes et à la collectivité : 29% des demandeuses d’emploi dont 90% sont inscrites dans les services aux personnes et 10% sont inscrites dans les services aux entreprises et aux collectivités
  2. Personnel des services administratifs et commerciaux : 17% des demandeuses d’emploi dont 94% sont inscrites dans les services administratifs et les 6% restant dans les services commerciaux.
  3. Personnel de la distribution et de la vente : 15% des demandeuses d’emploi dont 31% dans la distribution et 63% dans la vente.

 

  • Le manque ou la perte de confiance et d’estime de soi : Il est souvent difficile pour les femmes de démontrer leurs compétences et leur savoir-être, ce qui entrave leur possibilité d’intégration dans le marché de l’emploi. Elles pensent qu’elles sont incompétentes ou qu’elles sont « incapables ». Parfois, ce manque de confiance remonte à l’enfance. Le parcours traumatique qu’elles vivent et la violence qu’elles subissent peuvent également détruire leur estime de soi. Évidemment, les femmes ont parfois une très mauvaise image d’elles-mêmes, de leur capacité à faire les choses, de leur capacité à être, et surtout de leur propre corps. Beaucoup de femmes n’osent pas ou n’osent plus aller travailler. L’isolement et le « ne pas savoir ce que je peux faire » sont des barrières fréquemment exprimées par les femmes les plus précarisées. Ces situations peuvent être le résultat d’une interruption prolongée du travail pour se consacrer à l’éducation des enfants par exemple et pourraient évoluer vers une exclusion permanente du marché du travail. Les difficultés d’insertion dans l’emploi résultent souvent d’un désengagement, d’un repli, d’une dévalorisation et d’un manque de confiance en soi accentués depuis la crise sanitaire. Face à ces constats, il est urgent d’accompagner les femmes les plus précaires dans un processus global visant à restaurer cette confiance.

Le projet Potenti’ELLES porté par Pôle emploi

Les bretonnes sont plus souvent en situation de chômage de longue durée. Il leur est donc plus difficile de retrouver du travail. Par ailleurs, elles s’engagent plus souvent dans une activité réduite, qui par définition n’est ni stable ni pérenne. Les demandeuses d’emploi bretonnes sont finalement, plus souvent dans une situation d’éloignement de l’emploi de longue durée. 

En 2021, le Ministère du Travail propose aux équipes de Pôle emploi, un challenge interne à destination des demandeurs d’emploi de longue durée. Parmi les lauréats de ce challenge, on retrouve le projet Potenti’ELLES porté par l’agence de Pôle emploi Vannes Ouest (Morbihan 56). Pendant trois semaines, dix femmes Vannetaises sont accompagnées par leurs conseillères Pôle Emploi. Elles bénéficient des conseils de professionnels et participent à des ateliers pour retrouver de l’assurance et mettre en valeur leurs savoir-être professionnels.

 

En quoi consiste le projet Potenti’ELLES ?

“Potenti’ELLES met en place différents ateliers pour aider un groupe de 10 femmes à prendre conscience de leurs compétences, de leurs motivations et à leur donner confiance en elles. 

En parallèle de ces ateliers, chaque groupe travaille à la réalisation d’un événement propice à leur propre recrutement (job dating, visite d’entreprise, café-rencontre…) avec l’appui d’un conseiller. ” Hélène Hafnaoui, Directrice d’agence Pôle emploi, Vannes Ouest.

D’où est venue l’idée du projet ?

“L’idée a émergé après une analyse faite sur les demandeurs d’emploi de longue durée, de l’agence Vannes Ouest.

L’analyse a montré que les femmes étaient souvent éloignées de l’emploi, en raison d’une discrimination à l’embauche liée à leur âge et dans une situation précaire du fait de contrats courts. On avait envie de trouver une solution à cela !” Hélène Hafnaoui, Directrice d’agence Pôle emploi, Vannes Ouest.

Quelles sont les étapes du projet ?

“Fin janvier 2022, nous avons travaillé avec l’ensemble des intervenants, sur la construction du programme d’une session type. Nous avons finalisé la programmation des différentes sessions sur l’année 2022. La première session a débuté en avril 2022 et la suivante aura lieu début juin.Hélène Hafnaoui, Directrice d’agence Pôle emploi, Vannes Ouest.

 

Conseillères emploi porteuses du projet : Domitille CAMBIER, Louise LANDEMAINE, Valérie LE GUELVOUD, Alicia LE GUEN, Chantal MALLET, Caroline RAVOIRE – Responsable d’équipe : Laure THOMAS – Directrice d’agence : Hélène HAFNAOUI  – Partenaires du projet : RDV Nomade, Act’ & Choix, Magasin partage, Delhia MARZOLF et Talents Tube.

Nous vous invitons à découvrir les CV vidéo réalisés par Talents Tube. Voici le résultat de quelques-unes des participantes des premières sessions des Potenti’ELLES.

Audrey Duffert

Développement RH, Communication et Product Owner chez Talents Tube.

Après plusieurs années d’expérience professionnelle dans divers domaines, elle décide de reprendre ses études et s’oriente vers un Master RH afin de redonner du sens à sa vie professionnelle. Forte de 6 années d’expériences en tant que RH généraliste et passionnée par les relations humaines, elle a à cœur d’accompagner les candidats et les entreprises vers un recrutement avec plus de digital, plus d’humain et plus de sens.

Audrey Duffert

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